ÀJe voudrais tout d’abord rendre hommage au courage du peuple kurde, et tout particulièrement à ceux et celles qui vivent en Turquie et continuent d’oser, envers et contre tout, dire la vérité sur ce qui se passe en Turquie comme nous l’avons vu pour Newroz notamment à Diyarbakir mais aussi bien sûr à celles et à ceux qui viennent de faire cette grève de la faim au risque de mettre leur vie en danger.
Je voudrais aussi vous redire aujourd’hui que, quelle que soit l’opinion que l’on peut avoir sur les grèves de la faim, votre lutte a brisé le mur du silence auquel la question kurde était confrontée comme en témoignent les nombreux messages de solidarité que vous avez reçus, les nombreuses rencontres qu’a pu avoir Leyla Zana avec des représentants des institutions européennes de tous niveaux et ce que nous avons pu entreprendre en tant que députés européens solidaires de votre combat.
Compte tenu de ce bilan, je me félicite donc que vous ayez décidé de mettre un terme à cette grève. Je comprends aussi que certains d’entre vous puissent ressentir un peu de déception car ils auraient voulu obtenir plus. Mais je vous dis aujourd’hui que je suis sûre que nombre de celles et de ceux qui se sont engagés à vos côtés vont maintenant continuer le combat avec vous notamment au sein du Parlement européen et au sein du Conseil de l’Europe notamment pour suivre ce qui vous a été dit, ce qui nous a été dit.
Lors de la rencontre que nous avons eue, avec mon collègue Jürgen Klute, au CPT (Comité de prévention de la torture du Conseil de l’Europe), il nous a été dit que le CPT était un organisme indépendant et qu’il ne pouvait agir sous pression d’une grève de la faim. Je le comprends.
Mais il nous a aussi été dit que le CPT prenait, et prendrait, toutes les mesures relevant de sa compétence par rapport à la situation de monsieur Ocalan et de l’ensemble des prisonniers politiques en Turquie. Dont acte.
Il nous a aussi été dit que l’absence d’accès à un avocat tout comme l’impossibilité pour les familles de rendre visite aux détenus était une préoccupation majeure pour le CPT et que ce dernier travaillait sur ces questions avec les autorités turques et qu’il continuerait à le faire mais qu’il ne pouvait pas communiquer publiquement là-dessus.
Ce sera donc à l’Assemblée générale du Conseil de l’Europe de prendre ses responsabilités car c’est elle qui est l’institution politique.
Alors le combat continue et va continuer. Il va prendre d’autres formes. Et nous continuerons d’être à vos côtés notamment pour que tout soit fait pour que permettre au dialogue politique de reprendre entre le gouvernement turc et les représentants élus du peuple kurde. Le dialogue politique est la seule solution pour permettre à tous les peuples du monde de vivre en paix, là où ils le veulent, dans le respect mutuel. Nous continuerons également d’être à vos côtés pour demander la libération de tous les prisonniers politiques et à tout le moins le respect du droit international et des obligations de la Turquie, membre du Conseil de l’Europe, en ce domaine notamment au regard du droit de visite des avocats et des familles.
Et je sais que nous allons aussi pouvoir compter sur votre vigilance.
Vive le peuple kurde. Et plus que jamais solidarité avec vos revendications.
21 avril 2012